Conférence de presse FNME-CGT du 4 avril 2017

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Ce mardi 4 avril à Montreuil la FNME-CGT organise une conférence presse pour annoncer la tenue de son 6e congrès à Nantes du 9 au 14 avril. Un congrès qui se déroulera dans un contexte social, économique et politique riche en actualité et en rebondissements. La campagne présidentielle n’échappe pas à la FNME-CGT qui dénonce certains programmes qui demandent « toujours plus de sacrifices pour les salariés, les privés d’emplois, les retraités. » Un contexte qui, toujours selon la FNME-CGT, « n’entraine pas la résignation pour autant, comme le démontre les nombreuses luttes de centaines de milliers de salariés-es et retraités-es et les mobilisations diverses parmi les peuples. » La FNME-CGT a décidé de s’adresser aux candidats sur les questions  énergétiques au travers d’une « charte pour un service public de l’énergie du 21ème siècle. » L’objectif recherché étant l’engagement de chacun. « Nous sommes totalement disponibles pour le débat », annonce la fédération.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Virginie Gensel, secrétaire générale de la FNME-CGT, qui revient sur l’actualité revendicative dans les différentes entreprises électriques et gazières et le congrès de Nantes qui sera « un moment important d’évolution de l’équipe dirigeante avec du renouvellement, du rajeunissement et un nouveau secrétaire général. »

 

 

 

Conférence de Presse de la FNME-CGT, le 4 Avril 2017

Intervention liminaire

Actualité revendicative – Contexte Elections présidentielles et législatives – 6éme Congrès à Nantes

 

Vous le savez, la CGT a indiqué, qu’elle agirait pour mettre les questions sociales au cœur de la campagne électorale et porter les exigences des salariés-es. Cette campagne s’éloigne bien trop souvent des vraies attentes et des vrais problèmes du quotidien et de la réalité du monde du travail. Même si les discours ont évolué passant du tout sécuritaire à un recentrage sur quelques questions sociales liées au travail comme le temps de travail, le pouvoir d’achat,… ils sont encore bien loin de la vraie réalité du travail.

Dans la FNME-CGT, nous sommes mobilisés, aux côtés des salariés-es et retraités-es depuis mai 2015 sur les problématiques de salaires et pensions, d’emploi et de lutte contre la casse de nos entreprises ainsi que sur l’avenir et le financement des activités sociales de quelques  650 000 bénéficiaires, avec un engagement naturel dans le combat contre la loi travail car structurante sur ces mêmes questions, entre autres. Le référendum à RTE en est un exemple.

Nous ne pouvons que constater qu’aucun candidat potentiel ne porte une véritable politique énergétique basée sur un service public qui réponde aux besoins de la Nation. Pire, nous assistons comme en 2012 aux lobbyings des écologistes et reviennent au-devant de la scène des fermetures de centrales nucléaires d’ici 2025 à 2050 et la taxe carbone sur les centrales thermiques au charbon. Lié à cela l’absence de vision stratégique de long terme sur le développement de l’industrie française en lien avec le développement des services publics, face au délitement constaté pourtant depuis des années et les pertes massives d’emplois.

Gouvernements successifs et Directions d’entreprises font peser sur les épaules des salariés et sur la pérennité de tout un secteur industriel les impacts de leurs choix stratégiques.

Notre secteur vit des bouleversements conséquents depuis plusieurs années, s’accélérant ces derniers mois avec le paquet énergie climat européen, avec la mise en concurrence des concessions hydrauliques, avec des annonces de privatisation et d’ouverture du capital comme à RTE, de fermeture de sites (boutiques EDF, Centrale de Fessenheim, thermique à flamme,..), des suppressions d’emplois à EDF, à SNGG, à AREVA et ENGIE des plans de départs volontaires (plans sociaux déguisés), plus de mise en concurrence, la baisse des moyens dans la recherche à EDF et au CEA et des politiques d’austérité conduisant à des attaques massives sur toutes les strates des garanties collectives et le contrat social : l’annonce scandaleuse de O% d’augmentation du Salaire National de Base dans la branche des IEG, le gel des pensions,  la remise en cause de différents éléments du pouvoir d’achat, la réduction globale de 20% des moyens dévolus aux activités sociales qu’ils soient financiers ou bénévoles, la remise en cause du régime spécial des mineurs et la gratuité d’accès aux soins notamment, le temps de travail, l’organisation du travail, etc.

A RTE, ce week-end est tombée l’annonce de la finalisation de sa cession à la CDC et à la CNP assurance, avec une valorisation à 8,2 milliards d’Euros. Malgré l’opposition des salariés avec leurs organisations syndicales et l’absence de vision stratégique en termes de politique énergétique, les Directions et pouvoirs publics continuent d’avancer dans l’absurde !

Dans nos secteurs, de nombreuses journées de mobilisations ont eu lieu, en 2016 et depuis janvier, elles se sont traduites par une amplification avec les « mardis de la colère » d’une part, mais également avec des actions multiformes tous les jours d’autre part, et dans de nombreuses entreprises du secteur de l’énergie. Plusieurs appels en intersyndicale également.

Nous recensons plus de 500 actions menées depuis le début de l’année, pour certaines, des initiatives nouvelles de reprise en main de l’outil de travail. Ce sont plus de 12 journées de mobilisations avec des salariés-es et retraités-es, massivement en grève à l’appel de la FNME CGT, dont 4 à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, CFDT, CGC et CFTC.

Les salariés-es et les retraités-es, avec la CGT, ont démontré leur détermination pour aboutir sur leurs revendications en décidant de modalités d’actions diverses et originales, en grève ou en dehors du temps de travail,  avec l’objectif de peser sur les décideurs que sont le patronat et les pouvoirs publics. Ainsi, dans le nucléaire nous avons eu jusqu’à 7900MW de baisse de charge sur 30 sites, des occupations et des blocages de sites (les Boutiques EDF, dans l’hydraulique, le blocage des plateformes SERVAL, Magasins d’approvisionnements d’ENEDIS et de GRDF, etc…), des rassemblements, des compteurs du MEDEF déposés, des véhicules d’entreprises avec les pneus déposés, sans plaque d’immatriculation, sans clés, des claviers d‘ordinateurs envolés ou avec des lettres manquantes (NR, SNB), des coupures d’électricité et de gaz ciblées (je citerais par exemple la coupure du site de SACLAY le 28 février qui a généré beaucoup d’émois), le passage en heures creuses pour des milliers d’usagers, l’interpellation des élus locaux,  …

Nous avons enregistré des taux de grévistes importants lors des journées appelant à l’arrêt de travail. Nous avons également noté un élément extrêmement intéressant, de forts taux d’absentéisme lors des journées d’actions, particulièrement chez les cadres. Il semble bien que même si ces populations ont encore du mal à franchir le cap de la grève, elles expriment, à leur façon, leur désaccord sur les politiques menées dans les entreprises et leur soutien aux appels de la CGT et de l’intersyndicale lorsque c’est le cas.

En citant toutes ces mobilisations et le processus engagé, je ne peux omettre de parler de la situation sociale et des luttes d’ampleur en Guyane, avec notamment le blocage de la fusée Ariane.

Depuis plusieurs semaines la collectivité territoriale Guyanaise voit des mobilisations sociales dans plusieurs secteurs économiques qui ont marqué des convergences ces derniers jours. 37 syndicats de l’Union des Travailleurs Guyanais ont ainsi décidé d’un appel à la grève générale.

Initialement lancé par les travailleurs d’EDF à l’initiative de l’UTG CGT et de son syndicat de l’éclairage, la mobilisation s’est élargie. Dans notre secteur, la lutte des travailleurs de Guyane est essentiellement axée sur la négociation d’un véritable projet industriel  d’investissements et des emplois qui doivent en découler, notamment à EDF.

Plus largement, les Guyanais dénoncent notamment la dégradation continue de leurs conditions de vie et de travail, l’insécurité, le taux de chômage qui atteint 22%, le manque d’infrastructures, le système de santé défaillant, des coupures d’électricité fréquentes, l’accès à l’énergie et à l’eau, …

La CGT les soutient et reste très attentive aux réponses que doit apporter le gouvernement.

Toutes ces mobilisations inscrites dans la durée, ont d’ores et déjà permis des avancées pour les salariés-es, sur des éléments de pouvoir d’achat (Primes, Niveau de rémunération, ..), l’emploi, le maintien de sites, des projets industriels, les moyens du service public.

Sur certains sites, la lutte commence à payer sur le cahier revendicatif local à l’exemple de l’agence d’Aubusson, de la boutique EDF de Montluçon, à Chalon-sur-Saône, à la Régie Gaz de Bordeaux, …

A EDF et ENEDIS, des mesures de rémunérations et des embauches supplémentaires à ENEDIS, des premiers acquis gagnés par la lutte des salariés mais on est loin du compte.

A AREVA NC Malvési à Narbonne, alors que la Direction avait annoncé une sous-activité en 2018, qui entraîne un chômage partiel de 2 jours par semaine pendant 6 mois, des négociations se sont engagées dans le site avec la CGT, FO, CFDT et CGC le 7 mars dernier.
Hormis la CGT, l’ensemble des syndicats avait signé.
Les salariés-es en grève ont refusé le contenu de l’accord et ont poursuivi le mouvement de grève avec la CGT pour conserver leurs conditions de rémunérations pendant la période de chômage technique. Le 10 mars, la Direction a été contrainte de rouvrir les négociations avec la CGT et les organisations signataires pour négocier.
Au final, la Direction s’est engagée  à maintenir le salaire à 100% pour toutes les périodes de chômage partiel jusqu’en 2020.  L’emploi est maintenu jusqu’à la fin de la période de transition, des mesures seront prises pour les sous-traitants.
C’est une grande victoire pour la CGT et les salariés-es qui s’étaient vu suspendre leur contrat de travail  pendant la mobilisation pour faire grève.

A Cordemais, après 3 semaines de conflits, un rapport de forces intenses, après de longues négociations locales et nationales, la Direction a entendu et répondu à la très grande majorité des revendications du personnel, notamment en terme d’emplois, de conditions de travail, de promesses d’embauches pour les apprentis.
Elle a aussi accepté de travailler sur le projet industriel porté par les salariés-es du bassin d’emplois !

Je soulignerais, non sans beaucoup de plaisir,  le résultat du référendum à RTE. Celui-ci est un véritable camouflet pour la loi travail et la Direction de RTE.

Les agents du RTE (Réseau de Transport de l’Electricité) ont clairement refusé l’accord soumis à référendum. Pour contourner l’opposition de la CGT majoritaire à 58,4% au sein de l’établissement Maintenance de RTE, la CFDT et la CFE-CGC, encouragées par la Direction, ont demandé un référendum, en application de la Loi Travail. Avec 76.3 % de participation et 70.8 % de votants contre le projet d’accord, les agents ont signifié leur refus de voir leurs horaires flexibilisés. Le vote des salariés-es non concernés par l’accord a fait courir un risque d’instrumentalisation et de division au sein du personnel. Ils ne sont pas rentrés dans ce jeu-là alors même que la Direction a essayé ouvertement d’influencer le vote, considérant qu’elle n’était pas tenue de rester neutre.

La mise en œuvre de ce référendum à RTE a permis de confirmer toute la nocivité de la Loi Travail et validé la pertinence des mobilisations du printemps 2016, démontrant que les salariés-es continuaient de la rejeter.

Le référendum de la loi Travail n’est en fait qu’un moyen supplémentaire donné aux employeurs pour imposer des accords au rabais.

A l’appui du résultat à RTE, la CGT invite les salariés-es à s’unir dans les entreprises pour refuser les reculs sociaux et continuera à contester la Loi Travail devant toutes les juridictions.

A l’appui des avancées obtenues par la lutte, la mobilisation se poursuit, comme aujourd’hui 4 avril, où de nombreuses actions sont menées dans le pays.

D’ores et déjà, les assemblées générales vont débattre des suites, ainsi que notre congrès.

A noter, inscrit dans le paysage un 1er mai syndical et social. La CGT lance une démarche auprès des autres organisations pour construire un 1er mai syndical unitaire.

J’ajoute que dans cette période comme de tout temps, la CGT continuera de s’exprimer et de porter le débat auprès des salariés-es contre les idées d’extrême droite et l’imposture sociale des positions et soi-disant propositions du Front National.

Il est important aujourd’hui de comprendre que les salariés-es sont déterminés-es à prendre leur avenir en main et à poursuivre leur mobilisation. La prise de conscience et la détermination à ne plus être les seuls à se sacrifier sont notables. Les discours moralisateurs de certains politiques, qui omettent de se les appliquer à eux-mêmes, ne passent plus. Il est clair que l’argent existe au regard des chiffres régulièrement annoncés des résultats des entreprises du CAC 40 ou des montants indécents des dividendes versés aux actionnaires. Ainsi les salariés-es exigent une autre répartition des richesses et sont prêts à se faire entendre.

En effet, vous remarquerez qu’à la différence de 2012, où il y avait un certain attentisme général quant aux résultats des élections présidentielles et les changements qui en étaient attendus, en 2017, il y a de nombreuses luttes, tous les jours et dans de nombreux secteurs. A l’inverse, les salariés-es expriment un ras-le-bol général à quelques jours du scrutin présidentiel.

Cela nous fait dire que, quels que soient les résultats des élections présidentielles et législatives, les salariés-es, les retraités-es, les privés-es d’emploi et la CGT continueront de se mobiliser pour améliorer leur quotidien et construire une autre société plus juste et plus solidaire.

Vous aurez compris que le 6ème congrès de notre fédération va s’ouvrir dans ce contexte.

Si celui-ci peut être source d’inquiétudes ou de manque de perspectives, il ne décourage pas. Au contraire, il  renforce la détermination et la mobilisation.

Notre 6ème Congrès à Nantes débattra de notre bilan, de nos orientations et de nos actions pour les prochaines semaines, prochains mois et années à venir. Il sera également un moment important d’évolution de l’équipe dirigeante avec du renouvellement, du rajeunissement et un nouveau Secrétaire Général.