Portrait croisé – Une direction syndicale plurielle

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Frédéric Wallet et Mathieu Pineau, tous les deux à la tête du syndicat Mines-énergie 44, forment un couple de dirigeants singulier. Complices et complémentaires, ils jouent de leurs différences, une richesse au service de l’action syndicale.

Mathieu, 34 ans, est salarié de la centrale de Cordemais. Il adhère à la CGT pendant une lutte avant même d’être titulaire : « au moment de la fusion GDF et SUEZ, il y avait un piquet de grève devant le portail, mais on m’avait dit de ne pas venir parce que j’étais pas titulaire. Au bout de quelques heures, je ne tenais plus, j’y suis allé, et j’y suis resté… » Ecorché vif, Mathieu est impatient : il aime le rapport de force, la confrontation de classe et voir les salariés dans la lutte pour gagner.

Frédéric, dit Fred, 37 ans, est issu du RTE.  « Moi, c’est mon frère qui m’a mis le pied à l’étrier avant même que je ne travaille. Mon premier contact avec la CGT, c’était dans un centre de vacances de la CCAS. Une fois rentré dans la boite, j’ai pris contact avec les camarades et j’ai pris ma carte après un conflit ». Homme du rassemblement, Fred est un calme, un rassembleur : les valeurs humaines chevillées au corps, c’est un homme de dialogue.

En 2013, Fred et Mathieu font partie du collectif qui organise le Printemps des jeunes en Pays de Loire. Le début d’une collaboration efficace qui ne dément pas depuis. Aujourd’hui secrétaire général et secrétaire général adjoint, les deux acolytes se complètent et se partagent la responsabilité de l’animation du syndicat.  « Nous sommes fiers d’accueillir le 6e congrès », déclarent les deux comparses à l’unisson. « Souvent le congrès se tient dans une région où il y a de la vie syndicale et des luttes. Et chez nous, de la lutte,il  y en a ! Le secrétaire général de la CGT, présent fin mars sur Cordemais a réaffirmé la place d’une vraie CGT, avec les valeurs de fraternité, de convivialité, de démocratie et de luttes. Ça me va bien que le congrès soit là », précise Mathieu avec enthousiasme. Pour Fred, cela « concrétise l’activité des syndicats de la région, et surtout leur engagement dans un évènement aussi fort que le congrès de la fédération. Et c’est aussi faire connaître notre région. »

Préparer l’accueil d’un congrès n’est pas un long fleuve tranquille. Surtout quand l’actualité syndicale est forte. « Entre la fin de la lutte contre la loi travail, les mardis de la colère, la lutte de Cordemais, le SNB, nous sommes toujours en ébullition ici, sourit Fred, l’activité du syndicat est dense, trop dense ! » À l’évocation de Cordemais, les yeux de Mathieu brillent plus forts et il se lâche… « Ce que l’on vient de vivre sur la centrale (1) résume un peu ce que veut faire la CGT : être force de proposition sur un bassin industriel, avec les autres secteurs, une proposition sérieuse qui donne de la crédibilité à la CGT, pérennise l’emploi… ». Pour autant, la Loire-Atlantique n’est pas le pays des Bisounours, « on aimerait que toute la CGT 44 soit dans cette dynamique, mais nous avons aussi des difficultés comme partout : nous sommes absorbés par nos sites, nos sections syndicales ; on ne met pas toujours le temps qu’on aimerait dans le syndicat », s’énerve Mathieu. Fred, quant à lui,  relativise.  « Certes, toute la CGT 44 n’est pas à l’image de la lutte de Cordemais, mais cela donne des repères, de l’envie, de la motivation aux autres qui se disent : c’est possible par la lutte, par la richesse humaine. Ça donne un sentiment de puissance qui permet de gagner. À nous de remettre de l’ordre dans l’activité syndicale, en commençant par le cahier revendicatif. »

 

Isabelle Masson

(1) Voir Énergies Syndicales n° 161 – avril 2017