Julien Haddad – Syndicat CGT Marseille-Ville – Soif d’apprendre, soif de s’investir

Partagez :
Partager sur Facebook
Partager sur Twitter

Julien fait partie de cette nouvelle vague de militants qui veut apprendre et observer avant de s’investir.

Agé de 29 ans et embauché au Réseau Transport Electricité à Marseille en 2008, celui qui a toujours été sensible à la cause sociale et syndicale (son père était militant CGT dans la pétrochimie et secrétaire de son comité d’entreprise) a voulu prendre le temps de connaître et son métier et le syndicat avant de s’y impliquer. Avec déjà un sens aiguisé de la compréhension de la transformation des entreprises, qu’il touche très vite du doigt : « Après l’obtention de mon BTS dans l’aéronautique et mon entretien d’embauche à EDF, je m’attendais à rejoindre une grande entreprise que je connaissais finalement peu, mais dont l’image me parlait beaucoup, dont celles des voitures bleues évidemment. Finalement, une fois embauché, je découvre une voiture blanche avec… un logo RTE. »RTE chez qui Julien passera près de sept ans, du métier de technicien basse tension à celui de chargé de travaux sur les postes sources, entre formations et montée en compétence : « au fil des années je gagne en autonomie dans mon métier et, je fais beaucoup de grands déplacements. Quand pour des raisons personnelles j’ai voulu m’orienter vers un métier plus sédentaire, RTE n’a pas su répondre à mes attentes ni récompenser mes compétences et ma motivation. »

Lui qui était toujours attentifs aux informations syndicales vit alors ce que la CGT dénonce souvent sur plusieurs de ses tracts : « je m’étais syndiqué dès ma deuxième année dans l’entreprise mais, j’ai alors pu expérimenter ce qu’était un traitement injuste de la part des directions. Il s’agit d’une vraie déception. » Une déception qui aboutira sur une mutation à Enedis. Julien passe alors d’un syndicat métier à un syndicat territorial. Des liens plus forts se créent alors avec ses militants et Julien semble y trouver ce qu’il y cherchait : « j’appréciais beaucoup ce que je voyais. Le travail syndical en local, la proximité que j’observais, l’ouverture d’esprit et la découverte des différents métiers de l’entreprise. Ces rencontres font que je mets alors un pied dans le syndicalisme. »

Une rencontre bienvenue entre un jeune agent professionnel animé de ses convictions et le syndicat de Marseille-Ville qui fait de la démocratie et du renouvellement une priorité. Julien monte alors en puissance au fil des mois, jusqu’à devenir membre du CHSCT en 2015. Une montée en puissance qui ne se démentira pas par la suite : il est élu délégué du personnel titulaire et suppléant en CE de sa direction régionale. Dans la foulée, il intègre la commission exécutive de son syndicat, le collectif jeunes agents qui est en train de s’organiser à Marseille et devient finalement secrétaire du CHSCT.

Tout en apportant sa pierre à l’édifice dans la gestion CGT dans les activités sociales de l’énergie. Des activités sociales qu’il porte d’ailleurs en haute estime : « pour ses valeurs, pour le fait que l’on peut faire preuve de grandes choses d’une gestion ouvrière. » La participation à son premier congrès fédéral est donc une suite logique. Même s’il avoue ne pas avoir encore le recul nécessaire pour saisir tous les rouages de la fédération. Une question de temps tout au plus. « J’ai en tout cas soif de découvrir. Pour moi, le congrès c’est un peu l’Himalaya, j’y imagine s’y débattre des milliers d’orientations différentes. J’ai besoin de le vivre en temps réel pour m’en faire une idée plus concrète. » De le vivre, et d’être attentif à un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : la place des jeunes militants dans les structures, et le soin que la structure apporte à leur épanouissement.

« J’ai hâte d’en savoir plus sur les notions de vie syndicale, sur la façon dont une nouvelle génération aborde le militantisme. Car oui, militer peut parfois faire peur. J’ai envie d’en savoir plus sur la façon dont les syndicats se structurent, sur les outils qu’ils donnent à leurs militants. Car si l’activité est prenante, bien des jeunes sont effrayés par le fait de « s’enfermer » pour la cause. Les temps ont changé, la société aussi, les jeunes aspirent à un meilleur équilibre entre militantisme et vie personnelle. Si tu veux rajeunir et féminiser ton syndicat, ces questions d’équilibres deviennent essentielles. Afin de ne pas courir le risque de voir des jeunes s’éloigner et abandonner. »

Soif d’apprendre, soif de découvrir. Et déjà la tête sur les épaules, assurément.

Propos recueillis par Jérémy Attali