Portrait international – Divanilton Pereira

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Divanilton Pereira est responsable des relations internationales de la CTB (confédération des travailleurs du Brésil).

En avril dernier, la présidente brésilienne Dilma Roussef était démise de ses fonctions dans le cadre de la campagne Lava Jato (lavage express). Où en êtes-vous de cette campagne et de la lutte contre la corruption au Brésil ?

Si l’objectif de la campagne est d’emmener les corrupteurs et les corrompus devant la justice, cela s’est transformé en campagne contre la gauche. C’est un fait historique, cyclique. Quand la gauche progressiste dirige le pays, les élites déstabilisent le pouvoir. Cela s’est passé dans les années 1950, puis dans les années 1970, et aujourd’hui. Cette campagne est la première étape de la stratégie menée par la coalition de la droite, du patronat, des banques et du pouvoir judiciaire.

C’est le vol de la présidence et la création des conditions pour emmener l’ex-président Lulla devant les tribunaux. En effet, ce dernier ayant annoncé qu’il souhaitait se représenter aux prochaines élections, il faut donc le discréditer…

La seconde étape, ce sont des réformes très dures contre la sécurité sociale, les retraites, les lois du travail, la représentation syndicale, la sous-traitance… autant de réformes contre les pauvres et les salariés, alimentées par l’ensemble des médias aux mains de la coalition. La désinformation a laissé des traces parmi la population, même si la situation évolue depuis quelques semaines.

La question sociale reste prégnante aujourd’hui ?

Le président illégitime avait dit qu’il suffisait que la présidente parte pour que la situation sociale des salariés s’améliore. Or, depuis, le chômage a augmenté, on est passé de 7% à 13% de chômage ! Des millions de familles aspirent à augmenter leur niveau de vie… Les réformes actuelles contre les retraites sont très dures, les salariés commencent à se rebeller. Des grandes manifestations ont eu lieu en mars dernier, à l’appel de toutes les centrales syndicales, et une grève générale dans tout le pays est programmée pour le 28 avril prochain.

Quel est le rôle du syndicalisme dans ce contexte ?

Notre premier rôle est d’informer les salariés sur ce qui se trame vraiment, d’éveiller les consciences. Ensuite nous travaillons autour de trois aspects. Le premier, la défense de l’État de droit et de la démocratie. Depuis le départ de la présidente, nous sommes dans un État d’exception, ce qui facilite la mise en place des réformes du pouvoir. Ensuite, nous défendons la souveraineté nationale face à la vague de privatisation avec des multinationales qui viennent s’installer, notamment dans le secteur pétrolier qui représente 14% du PIB du pays. Enfin, nous œuvrons pour la défense du droit social. Notre objectif est de garantir ces trois points dans l’unité syndicale. Cette unité existe mais n’est pas suffisante, elle doit s’élargir encore au mouvement social.

En quoi ce congrès de la FNME est-il intéressant pour vous ?

Hier par exemple, lors de la réunion des pays latins et des Caraïbes, chaque délégation a fait part de ce qui se passe dans les pays. On se rend compte que les problématiques sont les mêmes. Nous avons partagé nos expériences d’actions, de lutte, de fonctionnement… et surtout, nous partageons une valeur forte que la France nous a offerte : la solidarité. Le monde est en pleine transformation, l’incertitude devient la règle. Les dangers sont réels. Dans ce contexte, le contrôle de l’énergie est au cœur de la dispute. Nous avons accepté l’invitation de la FNME pour nouer des relations politiques, construire un réseau et avoir des échanges. Parce que nous pensons que l’énergie n’est pas une marchandise comme les autres.

Isabelle Masson