Sous le signe de la lutte

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Le 6e congrès de la FNME  a été ouvert par Virginie Gensel-Imbrecht dans un contexte social marqué par les mobilisations. Extraits choisis de ce rapport d’ouverture.

« Ces luttes représentent la plus belle ouverture de congrès. » Lors de son rapport d’ouverture faisant également office de bilan depuis le 5e congrès de Besançon, Virginie Gensel-Imbrecht, secrétaire générale sortante de la FNME-CGT, soulignait de ce trait enthousiaste le contexte social particulièrement revendicatif de la période. Tenant à saluer « la grandeur et la ténacité du mouvement de nos amis guyanais, initialement lancé par les travailleurs d’EDF à l’initiative de l’UTG-CGT », elle mit parallèlement l’accent sur « la dynamique inédite des luttes dans nos secteurs. » Car les nombreuses journées de mobilisation de 2016 parmi les personnels des entreprises de l’énergie ont franchi le cap de l’année 2017 en s’amplifiant et se diversifiant au travers – entre autres – des Mardis de la colère sur le SNB (salaire national de base), soit plus de 500 actions menées depuis janvier dernier, actions « multiformes quotidiennes, dans de nombreuses entreprises du secteur de l’énergie et parfois en intersyndicale. » Des actions débouchant sur un certain nombre d’avancées sur les cahiers revendicatifs locaux sur l’emploi, sans oublier l’exemple emblématique de Cordemais, lieu de lutte et de victoire où a été accepté le projet industriel porté par les salariés et la CGT.

Camouflet
Autre exemple emblématique à RTE, ce « camouflet pour la loi Travail et la direction », pour reprendre les propos de la secrétaire générale, qui précisait : « pour contourner l’opposition de la CGT, majoritaire à plus de 58% au sein de l’établissement, la CFDT et la CFE-CGC, encouragées par la direction, ont demandé un référendum en application de la loi Travail. » Sauf qu’avec plus de 76% de participation, « près de 71% des votants ont signifié leur refus de voir leurs horaires flexibilisés (…) ce qui a permis de confirmer toute la nocivité de la loi Travail et validé la pertinence des mobilisations du printemps 2016, démontrant que les salarié-e-s continuaient de la rejeter. » Et s’il est un sujet politiquement et médiatiquement surexploité qu’il faut également verser au crédit de ce contexte de luttes, c’est indéniablement celui de Fessenheim… Car c’est bien « la mobilisation des salariés qui n’a pas permis au CA (conseil d’administration) d’EDF, réuni le 6 avril, de voter la demande d’abrogation d’exploitation de manière anticipée. » Un non-événement qui donna néanmoins lieu à « un coup de communication » de la ministre Ségolène Royal soucieuse « de tenir ses promesses électoralistes et d’assurer son avenir », qui publia à grand de renfort de publicité médiatique un décret qui ne correspond qu’à l’application de la loi de transition énergétique…

FN : discours d’imposture
Ce contexte français singulier est par ailleurs marqué par les échéances électorales, « une campagne – présidentielle – qui aura été l’une des plus malsaines jamais connues. » Etat d’urgence permanent, restriction des droits fondamentaux, « libertés syndicales ciblées et action syndicale criminalisée », autant de raisons d’estimer, comme le fait V. Gensel-Imbrecht, que « chacun-e a une grande responsabilité pour réhabiliter la parole politique du peuple. » Un contexte électoral agité qui explique que « notre corporation ne s’en laisse pas conter ! » La CGT a en effet indiqué « qu’elle agirait pour mettre les questions sociales au cœur de la campagne électorale et porter les exigences des salariés », alors que les propos des prétendants à l’Elysée restent très éloignés « de la vraie réalité du travail. » Un constat que la CGT étend aux questions énergétiques, puisque « nous ne pouvons que constater qu’aucun candidat ne porte une véritable politique énergétique basée sur un service public qui réponde aux besoins de la Nation. » Pire, la FNME-CGT s’alerte « des discours d’imposture de la candidate du FN qui aurait appris par cœur le cahier revendicatif de la CGT », soucieuse des discours électoralistes et « des intensions populistes, racistes et xénophobes du Front National », à l’heure où « la question dramatique des migrants et des réfugiés, les conséquences de l’élection de Trump, le vote des Britanniques pour la sortie de l’UE et les relents de guerre froide en Europe sont lourds d’incertitude. »

Engagement(s)
Fort de ce constat, il paraît urgent d’une part, de faire reculer « le risque de la tentation du repli sur soi qui pénètre le monde du travail et, d’autre part, d’ouvrir grandes les fenêtres de la CGT, sans craindre le grand large, voire les courants d’air, tant que nous sommes fermes sur nos valeurs de solidarité, de fraternité, nos exigences sociales, notre sens du commun. »
Ces valeurs essentielles du mouvement ouvrier font office de « boussole » à partir de laquelle peut se juger le chemin passé, afin d’en tirer les enseignements quant aux chemins futurs à emprunter. Toutes les actions déjà évoquées, sans oublier la « mobilisation historique contre la loi travail », s’inscrivent dans ce parcours qui doit beaucoup « aux militant-e-s qui oeuvrent et oeuvrent toujours, sans compter leur temps » et dont V. Gensel-Imbrecht salua « l’engagement, le courage et le dévouement. » Et puisque « l’histoire n’est pas écrite d’avance », la CGT compte bien porter « des propositions alternatives économiques et sociales en adéquation avec les exigences, les possibilités de notre époque et les aspirations des travailleurs, retraités et privés d’emplois. »

Et c’est avec une émotion non feinte que Virginie Gensel-Imbrecht appela de ses vœux les militants de la CGT à « être audacieux, retrousser nos idées et nos manches et à agir sans attendre. » Pour une CGT «  rassemblée, unie, forte et combattive, la CGT de toutes et tous. »

Christian Valléry