Table ronde revendicative « numérisation »

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« La révolution numérique est différente des révolutions technologiques précédentes, parce que la diffusion de ces nouvelles technologies agit aussi bien sur la sphère professionnelle que personnelle. La dématérialisation bouleverse tout : les organisations du travail et la vie quotidienne… ». Éric Thiebault, secrétaire général de l’UFICT, pose les grandes thématiques de la table ronde avec pour objectif de pouvoir dégager des pistes revendicatives cohérentes.

Alors oui, l’usage des outils informatiques augmente la capacité de travail des salariés, brise les frontières entre vie professionnelle et vie privée, et rend certains individus addicts. Plusieurs approches ont été exprimées par les congressistes. Le rejet en bloc au nom de l’égalité d’accès, notamment des retraités ou parce qu’une des conséquences est la suppression d’emplois.

La généralisation dans le milieu du travail, avec les impacts sur les organisations et les axes revendicatifs que cela fait émerger. Et enfin, comment cela percute nos pratiques syndicales. Une chose est sûre, le constat est largement partagé sur le fait que le numérique touche tous les domaines de la vie et qu’il devient impératif que la CGT prenne ce sujet à bras le corps.

Une réalité…

« Le numérique est une réalité », argumente Claire De Pascale du CEA, « le combattre n’a pas de sens. Par contre le cadrer, se former, avoir un regard critique, certainement oui ! Il est indéniable que nous passons tous un temps considérable à gérer nos mails, y compris dans des lieux incongrus, comme le souligne des études sérieuses. Il est donc salutaire que le droit à la déconnexion soit désormais inclus dans les NAO (négociations annuelles obligatoires). » Jean-Louis, de Savoie, partage ce point de vue « il ne faut pas rater le virage informatique. On parle de droit à la déconnexion, mais on ne cherche pas la cause : l’organisation du travail, la charge de travail, les effectifs… La connexion est source d’aliénation au travail. »

… qui pose de nouvelles questions revendicatives…

Pour Sandrine Roche, de la branche commerce EDF, « la CGT est progressiste, elle ne peut donc pas être contre le digital. Mais cette facilité, ce confort que cela engendre doit aussi servir dans le travail ». Et c’est bien là un des aspects relevés par les nombreux congressistes qui se sont succédés aux différents micros : les nouvelles technologies facilitent l’insertion de salariés handicapés, fluidifient la communication, permettent un travail plus collaboratif… Mais sans garanties, sans contrôle, elles peuvent avoir un impact sur les conditions de travail et doivent interroger le syndicalisme sur les garanties et le cadrage nécessaires. Quel accompagnement, quelles formations pour les salariés ? Comment les gains de productivité ainsi réalisés peuvent se transformer en réduction du travail ?

…et percute les pratiques syndicales

Si cela interroge l’organisation du travail, cela interroge aussi nos pratiques syndicales. « Nous devons avoir un regard critique sur nos listes de diffusion, les contenus des mails, et se poser la question de la pertinence du message avant de cliquer », insiste Claire De Pascale. Frédéric Probel, de Bagneux, s’interroge également : « notre communication est basée sur l’envoi de mails alors que notre plus-value c’est bien le contact physique. » Quid du droit à la déconnexion des militants quand la fédération envoie des mails le dimanche et quid des conditions de travail des militants ? Il y a là matière à alimenter nombre de débats dans un avenir proche….

Isabelle Masson