Vu et/ou entendu : droits à la formation

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« Les stratégies du MEDEF sont en marche ! »

Lors d’une conférence gesticulée, mardi matin au congrès de Nantes, le responsable de la formation professionnelle continue pour la FNME, a endossé le costume du MEDEF pour sensibiliser les salariés aux enjeux de la formation.

Une démonstration par l’absurde a parfois plus d’impact qu’un long discours. C’est pour cette raison que Patrick Detournel a choisi de se mettre dans la peau d’un conseiller du MEDEF pour présenter les enjeux du droit à la formation professionnelle. Durant une vingtaine de minutes, paperboard à l’appui, ce passionné de théâtre, ancien technicien d’exploitation maintenant rattaché à Enedis, a mis en lumière avec talent et humour les stratégies des employeurs pour éviter que les salariés des IEG n’usent de leur droit à se former.

« Se mettre dans la peau de l’autre partie permet de faire passer des messages de manière plus efficace. »

Ce court spectacle, inspiré des conférences gesticulées (*) de Franck Lepage, Patrick l’a écrit spécialement pour le congrès de Nantes. Il savait qu’il aurait peu de temps pour alerter ses camarades donc, pour marquer les esprits, il s’adresse au public comme s’il s’agissait d’un parterre de dirigeants d’entreprises. A ces derniers, lorgnant sur les 32 millions d’euros que la loi les obligent à consacrer à la formation professionnelle de leurs salariés. Il est clair qu’ils verraient bien cette manne s’ajouter à leur 56 millions de dividendes annuels, il tient des propos apaisants. « Rassurez-vous, les dividendes, vous êtes beaucoup moins nombreux à vous les partager », glisse perfidement le faux conseiller de MEDEF, provoquant quelques applaudissements.

S’en suivent quelques utiles rappels quant aux « avancées » réalisées grâce à l’appui des ministres Rebsamen et El Khomri pour évincer la représentation syndicale de la « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences » à laquelle elles sont légalement associées… D’ailleurs pour contourner la loi en la matière, les patrons regorgent d’inventivité : priver les syndicats d’information ou, au contraire, les noyer sous les chiffres, sont autant de moyens pour les  décourager !

On l’aura compris, le but est bien d’insister sur l’urgence  de se mobiliser de manière revendicative sur ce dossier car de l’autre côté, les patrons organisent insidieusement leur éviction des plan de gestion professionnels et tentent poursuive leur travail de sape des droits à la formation, déjà bien entamé par la loi dite « travail ».

« Un droit, cela s’use quand on ne s’en sert pas ! »

Pire, à méconnaitre ses droits on risque de les perdre. Patrick donne l’exemple du congé individuel de formation (CIF), ce dispositif issu des revendications de 1968 constitue un droit inaliénable des salariés à une formation de leur choix. Le rêve du MEDEF ce serait de fusionner le CIF avec le compte personnel de formation (CPF) et de faire en sorte ensuite que les salariés n’aient accès à ces formations qu’avec l’aval de la direction de leur entreprise…

S’il y a une leçon à retenir de cette intervention c’est qu’il  faut se mobiliser pour défendre le droit à la formation et faire prendre conscience aux salariés de l’importance cruciale de pouvoir acquérir de nouvelles compétences ou de changer de métier tout au long de leur vie !

(*) Lire sur http://www.ardeur.net/conferences-gesticulees/

Claire Nelson